
Prendre soin du corps, de l’âme et du monde grâce à la technologie bienveillante.
Rupture et renaissance
Si vous avez lu mon "À propos", vous savez qu'à la fin de mon clinicat, j'ai vécu une rupture profonde avec ma manière d'exercer la médecine.
Ce n'était pas une simple remise en question, mais une fracture. Viscérale. Irréversible.
Et pourtant, je ne regrette rien.
Car je crois vraiment que les ruptures sont à terme bénéfiques. Ce sont elles qui nous permettent de sortir des moules, de redéfinir nos trajectoires.
La médecine qu'on m'a transmise, le style de vie qui l'accompagnait, tout cela formait un cadre. Structurant, oui, mais pas une finalité.
Créer sa propre voie n'est pas un acte de rébellion. C'est une nécessité. Une évolution.
Parce que, quel que soit notre point de départ, notre mission est de transformer le savoir reçu en quelque chose qui nous ressemble.
Le vrai accomplissement, c'est quand l'élève dépasse le maître — non pas pour renier son héritage, mais pour l'adapter à un monde qui change.
Apprendre à s'accepter tel qu'on est devient alors la première étape vers une pratique réellement authentique, humaine, et significative.
Vers une médecine intégrale : réinventer sans renier
J'ai étudié la médecine à Montpellier, une des plus anciennes facultés d'Europe. J'y ai appris à écouter un cœur, ausculter des poumons, palper un foie…
Mais très vite, je me suis posé la question : Si le corps humain est le même partout dans le monde, pourquoi la manière de soigner varie-t-elle autant ?
En Occident, on soigne des organes. En Asie, on soigne des équilibres. D'un côté la preuve scientifique, de l'autre l'intuition.
Qui a raison ?
La Chine et l'Inde ont soigné pendant des millénaires avec des plantes, des aiguilles, de l'écoute. De leur côté, les sciences biomédicales ont doublé notre espérance de vie en un siècle.
Alors comment choisir mais surtout pourquoi choisir ?
Pourquoi ne pas imaginer une troisième voie — plus large, plus intégrale ?
Je ne parle pas ici de "médecine intégrative" au sens classique, où l'on ajoute des techniques complémentaires à un système déjà établi (ce qui est déjà une très belle évolution selon moi).
Je parle de repenser la recette. Changer de plat.
La médecine intégrale, telle que je la conçois, ne se limite pas aux traitements. Elle inclut le patient, le soignant, tous les acteurs du soin et le système en lui-même. Jusqu'à l'expérience même du soin.
Elle reconnaît que l'acte de soin, dans sa globalité, est en lui-même thérapeutique. Elle exige une ouverture d'esprit sincère, non pas tolérante mais curieuse.
Une médecine qui soigne, mais aussi qui prend soin.
Pourquoi changer ? Un constat devenu urgent
Regardons ce qui se passe aujourd'hui :
- 40% des patients chroniques disent manquer de soutien émotionnel,
- 1 soignant sur 2 est en situation d'épuisement émotionnel,
- Des millions de personnes restent sans accès aux soins psychologiques de base.
Notre médecine a su réparer des corps. Elle doit maintenant apprendre à réparer aussi les blessures invisibles.
Médecin, geek et rêveur : la naissance de Tech for Care
Pour construire cette médecine que je voulais, j'ai dû me poser une autre question : Qui suis-je, vraiment ?
Médecin, oui. Geek, assurément. Mais il manquait une pièce du puzzle. En chemin, j'avais laissé derrière moi une part essentielle : mon âme d'enfant. Celle qui rêve, qui crée, qui imagine.
C'est en retrouvant cette part de moi que tout a pris sens.
Je ne voulais pas seulement soigner (les anglais appellent ça le cure). Je voulais prendre soin (ils appellent ça le care). Et je voulais le faire à grande échelle.
C'est ici que la technologie entre en jeu. Non pas comme simple outil de réparation, mais aussi comme levier d'épanouissement.
Parce que pour moi, prendre soin c'est aussi faire grandir (pensez à la plante verte qui grandit quand on l'arrose).
Premier pilier : Prendre soin avec la technologie
En tant que médecin, je peux aider une personne à la fois, c'est déjà très bien mais je sens que je veux faire plus que ça.
Aidé de la technologie, je peux amplifier cette capacité, toucher plus de vies, créer des solutions à large impact. Pas pour remplacer l'humain. Mais pour le seconder. Le soutenir. L'améliorer.
Pour vous donner un exemple, j'ai publié un post sur LinkedIn qui parlait du décès de mon grand-père et du fait de mourir seul. À la suite de ce post, j'ai reçu des dizaines de messages privés de gens qui m'ont remercié pour leur avoir "permis d'avancer dans la vie". De grands changements avec juste quelques mots sur un écran. C'est la force du levier d'internet.
Les forces silencieuses de la technologie bienveillante
Utilisée avec éthique et sensibilité, la technologie offre des opportunités uniques pour élargir notre capacité à prendre soin :
- Personnalisation : adapter l'expérience au vécu personnel de chacun,
- Scalabilité : toucher des milliers de personnes dans le monde,
- Accessibilité : rejoindre ceux qui n'ont pas accès à des soignants humains,
- Continuité : rester présent dans les interstices du parcours de soin.
L'avenir du soin réside dans l'expérience. Comment se sentir écouté, rassuré, encouragé, émerveillé, même au cœur de la maladie ? Comment créer des espaces émotionnels où la technologie ne remplace pas le lien humain, mais devient une manière supplémentaire de "prendre soin".
Jeux vidéo thérapeutiques, réalités immersives, robots, intelligences sociales empathiques… Toutes ces technologies peuvent devenir des outils puissants de soutien émotionnel, si elles sont pensées avec amour, respect et poésie.
Ce que je veux construire, ce sont de nouvelles expériences qui prennent soin, soutenues par la technologie. Au même titre qu'un geste médical ou une parole chaleureuse.
Et j'ai appelé cela : Tech for Care.
Deuxième pilier : Progresser grâce à la technologie
Mais au-delà du soin, la technologie ouvre des portes vertigineuses vers l'épanouissement humain.
Plus de connaissance de soi.
Plus de connectivité humaine consciente.
Plus de souveraineté personnelle dans un monde qui exige que chacun devienne acteur de sa propre vie.
Cela peut passer par :
- Développer notre intelligence émotionnelle
- Cultiver notre conscience de soi et des autres
- Explorer nos potentiels créatifs endormis
- Créer des espaces de rencontre authentique, au-delà des barrières sociales ou géographiques
Prenez par exemple les jeux vidéos thérapeutiques. Ils ne sont pas uniquement des distractions ou des outils cliniques. Bien conçus, ils deviennent des espaces où l'on pratique la résilience, où l'on développe de nouvelles compétences émotionnelles, où l'on apprend à collaborer, à échouer et à recommencer sans jugement.
Mais la technologie ne doit pas être une finalité.
Elle n'est qu'un outil.
A chacun de décider comment il veut s'en servir.
Notre humanité n'est pas figée. Elle est en perpétuelle évolution.
Nous entrons dans une ère où les technologies peuvent nous aider à nous élever individuellement, pour mieux construire collectivement.
À condition d'apprendre à nous en servir.
À condition d'en faire des alliées.
Cultiver notre humanité à l'ère technologique
Plus la technologie avance, plus une question devient urgente : Qu'est-ce qui fait de nous des humains ?
Mon expérience auprès des enfants en radiothérapie pédiatrique a été très marquante. Leur capacité à s'émerveiller, à jouer, à rester présents même dans les épreuves les plus terribles m'a rappelé l'essentiel.
Notre âme d'enfant est un rempart face à l'ère des algorithmes.
Ce qui restera :
- Notre capacité à ressentir,
- À écouter vraiment,
- À créer du lien,
- À donner du sens.
Face à l'intelligence artificielle, nous devrons cultiver ce qui ne se code pas (ou peut être difficilement). L'émotion. La subjectivité. L'émerveillement.
Et apprendre à faire équipe avec elle. Non pour devenir moins humains, mais pour oser devenir plus.
Le soin de demain sera… Technique bien sûr mais aussi : Interactif, Immersif, Émotionnel, Et profondément humain.
Une vie qui a du sens : le soin le plus fondamental
Vous arrivez bientôt à la fin de ce manifeste.
Je n'ai pas choisi de quitter un chemin tout tracé pour le plaisir de l'aventure.
Je l'ai fait parce que vivre une vie fidèle à soi-même est le premier soin que l'on se doit. Et que j'en avais besoin.
À quoi sert de réparer un corps, si l'âme s'éteint doucement dans une existence qui ne résonne plus ?
Créer sa voie n'est pas une fuite. C'est un acte de soin profond.
L'authenticité est plus précieuse que la constance. Le sens, plus vital que le succès.
Aujourd'hui, grâce aux outils que nous inventons — et si nous savons les utiliser avec conscience — la technologie peut devenir un allié de cette quête de sens.
Non pour nous distraire. Non pour nous uniformiser. Mais pour nous aider à mieux nous connaître, à nous relier de manière plus consciente, à construire une existence plus vivante, plus alignée, plus libre.
C'est cela, pour moi, le vrai soin de demain : Pas seulement réparer ce qui est brisé. Mais révéler ce qui aspire à grandir.
📜 Mon engagement – Mini-manifeste Tech for Care
🌿 Mettre la technologie au service de l'humain, jamais l'inverse
🌿 Créer des ponts entre soin, art, émotion, technologie
🌿 Étendre la portée du soin à ceux que le système oublie
🌿 Réhumaniser le soin par l'imaginaire et l'interaction
🌿 Cultiver l'émotion comme outil thérapeutique
🌿 Apprendre à se servir de la technologie pour mieux se connaître, s'épanouir, et grandir
Ce que Tech for Care n'est pas
Ce n'est pas standardiser les émotions.
Ce n'est pas remplacer la chaleur d'une main posée sur une épaule.
Ce n'est pas réduire le soin à une application.
C'est créer de nouveaux espaces où soin, technologie et humanité se rencontrent, pour soigner plus largement et plus profondément.
Tech for Care, c'est prendre soin aujourd'hui et progresser demain – ensemble.
En anglais j'ai l'habitude de dire : Smart technology + Human connections and Magic touch for better care.
Et maintenant ?
Ce manifeste n'est pas qu'une déclaration d'intention. C'est une invitation au voyage. Une main tendue à celles et ceux qui ressentent cet appel.
- Aux soignants en quête de sens, qui sentent qu'il manque quelque chose dans leur pratique actuelle
- Aux technophiles idéalistes, qui veulent mettre leur expertise au service de ce qui compte vraiment
- Aux créatifs et rêveurs, qui veulent transférer leur imagination dans le réel grâce à la technologie pour le bien commun
- Aux patients experts, dont l'expérience vécue est le plus précieux des savoirs
- À ceux qui veulent explorer le potentiel illimité de l'humain aidé de la tech
- À tous ceux qui cherchent leur place dans un monde trop formaté et qui intuitivement, savent qu'une autre voie est possible
Cette route n'est pas balisée. Elle se dessine à mesure que nous avançons.
Chaque jour dans mon cabinet, je vois des patients dont les souffrances ne rentrent dans aucune case. Des enfants dont l'univers émotionnel est bouleversé par la maladie. Des soignants qui s'épuisent à force de donner sans recevoir.
Ces rencontres ne sont pas des anecdotes. Elles sont les signaux faibles d'un besoin profond de transformation.
Nous sommes à la croisée des chemins.
La technologie peut devenir ce mur qui nous sépare davantage les uns des autres, ou ce pont qui nous relie plus profondément. Elle peut amplifier nos fragilités ou révéler nos capacités insoupçonnées.
À nous de choisir si nous en faisons l'instrument d'une médecine qui ne se contente pas de soigner, mais qui accompagne l'être humain dans toutes ses dimensions.
Le choix nous appartient. Chaque jour.
Alors si vous aussi, vous ressentez au fond de vous que le soin mérite d'être réinventé, si vous croyez qu'une technologie pensée avec cœur peut amplifier notre capacité à prendre soin les uns des autres et si vous voulez contribuer à cette aventure...
Rejoignez le mouvement Tech for Care.
Non comme spectateurs, mais comme co-créateurs d'une nouvelle façon de prendre soin.
Car c'est ensemble que nous écrirons cette histoire.
NB : texte écrit avec le coeur, légèrement amélioré avec l'IA (soyons honnête 😊)